
13e APPARITION
Le trait suivant devrait nous exciter à prier pour ceux qui sont mis à mort. Il y avait aux environs de Rome, vers l’an 1620, un jeune homme de vie scandaleuse. Ses excès et ses violences lui suscitèrent des ennemis, qui décidèrent de le tuer. Ce malheureux, au milieu de ses désordres, avait conservé une grande compassion pour les âmes du purgatoire, pour lesquelles il faisait dire des messes ; il priait aussi pour elles avec toute la ferveur dont il était capable, dans le triste état de sa conscience.
Cette unique dévotion devait lui sauver la vie de l’âme et celle du corps.
Un soir, qu’il se rendait à Tivoli, il marcha juste au-devant des embûches de ses ennemis, qui savaient qu’il devait passer par là ; ils se cachèrent derrière un petit bois, armés d’arquebuses. Il approchait de ce lieu, quand il aperçut le cadavre d’un criminel attaché aux branches d’un chêne* Touché de pitié, il s’arrête afin de réciter quelques prières pour cette pauvre âme.
Mais voici que, pendant qu’il priait, ce cadavre s’anime, tombe à terre et s’approche du jeune homme, que la terreur clouait à sa place. Le fantôme prend la bride du cheval et dit au cavalier de descendre et de l’attendre. Il était si étonné, qu’il descendit, sans dire un mot, et laissa son cheval au cadavre ressuscité, qui y monta et s’élança en avant.
Les ennemis déchargent leurs arquebuses sur lui, et, le voyant tomber, ils s’enfuient au plus vite. Ils étaient sûrs d’avoir tué leur homme. Tout tremblant, hors de lui, le jeune homme voit le spectre se relever, monter à cheval et revenir à lui : “ Tu viens d’entendre ces coups d’arquebuse ? Ils étaient pour toi. Tu serais déjà en enfer, si les âmes du purgatoire n’avaient pas obtenu de Dieu que je vinsse à ton secours, dans cet extrême péril.
Reconnais cet immense bienfait en continuant de prier pour elles ; mais, plus encore, en changeant de vie. ” Le cadavre reprit aussitôt sa place. Quant au jeune homme, quelques jours après, complètement converti, il entra dans un ordre religieux austère, où il vécut dans une grande perfection. En priant pour les défunts, on est préservé de bien des malheurs, et on assure le bonheur de son âme. Prions donc sans cesse pour eux avec ferveur.

14e APPARITION
Que ne donneraient pas les âmes du purgatoire pour avoir un peu du temps que nous gaspillons! Quelles pénitences elles feraient pour abréger, même de quelques minutes, leurs horribles tortures ! La vénérable Angèle Toloméi, élevée dans l’amour de la vertu, tomba malade. Près de rendre le dernier soupir, elle eut une vision. Il lui sembla qu’elle était dans un lieu très vaste, où étaient représentées toutes les peines du purgatoire.
Ici, des flammes ardentes ; là, des étangs de glace ; ailleurs, du soufre bouillant, des roues aux pointes de fer rougies au feu, des bêtes féroces aux dents aiguës, et cent autres supplices terribles. Il lui fut montré en quel lieu son âme serait conduite, pour expier certains défauts, qu’elle n’avait pas assez combattus.
Ce spectacle fut si horrible que, lorsqu’elle retrouva sa connaissance, elle frémissait de la tête aux pieds, et elle expira. Pendant que l’on portait son corps en terre, le bienheureux Jean-Baptiste, son frère, lui commanda de quitter les ombres de la mort et de reparaître vivante. A l’instant, le corps s’agite, la tête se lève, la défunte est ressuscitée. Désormais, elle n’eut d’autre souci que de faire pénitence.
Au milieu de l’hiver, elle se plongeait dans les étangs glacés ; elle se jetait dans les flammes et y restait, malgré les plus cuisantes douleurs ; elle se roulait dans les épines jusqu’à rester tout en sang, il était devenue un objet de pitié pour ceux qui la connaissaient. Il disait que tout cela n’était rien comparé aux supplices des âmes du purgatoire. Enfin, purifiée par tant de souffrances, elle mourut et s’envola tout droit au ciel. Combien nous devrions trembler, nous, pécheurs, qui dormons dans la mer de nos iniquités ! Faisons donc pénitence! Multiplions nos bonnes oeuvres !

15e APPARITION
Le prophète Élisée fit voir la milice des anges envoyés à la défense d’un roi d’Israël. On a vu plus d’une fois des troupes de saints du paradis accourir protéger ceux qui les avaient délivrés du purgatoire. Un seigneur avait été fort adonné aux plaisirs, à la vanité, gaspillant ses richesses dans toutes les folies.
Un père Dominicain réussit à le convertir. Il donna son argent aux pauvres et aux prêtres pour que, tous les jours, ils disent la messe pour les âmes du purgatoire. Ses anciens serviteurs et amis, irrités contre lui, vont persuader à un puissant voisin de venir lui faire la guerre. Ce prince assemble ses soldats et les met sur un pied de guerre. Le seigneur converti, abandonné de ses anciens amis et serviteurs, s’enferma dans sa citadelle, avec une fort petite armée et implora Dieu, jour et nuit.
Or, un matin, du haut de ses murailles, il aperçut une brillante armée aux épées de feu, qui accourait à son secours.
Il va aussitôt vers ces amis inconnus, qui lui dirent de chasser toute crainte ; qu’ils venaient le défendre ; qu’ils étaient des âmes du purgatoire qu’il avait délivrées. Le bon seigneur, tout encouragé, après cette vision, attendit ses ennemis sans crainte. Ils arrivèrent peu de jours après ; mais, apercevant la céleste armée, ils furent bientôt si effrayés qu’ils s’enfuirent. Ce que l’on fait pour les défunts n’est jamais perdu. Secourons-les donc le plus possible. Nous nous en réjouirons quand nous serons, à notre tour, au purgatoire.

16e et 17e Apparitions
La bienheureuse Christine l’Admirable avait une très grande dévotion aux âmes du purgatoire. On ne pourrait croire les pénitences et les austérités qu’elle s’imposait pour elles. L’âme de cette sainte fut conduite, par les anges, dans le purgatoire, afin de voir les souffrances qu’on y endure. De là, elle fut ravie au ciel, où il lui fut offert de rester parmi les élus, ou de retourner sur la terre, afin d’y obtenir des mérites pour les âmes du purgatoire. Elle choisit de revenir souffrir ici-bas.
Elle ressuscita en présence de ceux qui l’ensevelissaient et commença aussitôt les pénitences les plus épouvantables. Ce n’était rien pour elle de passer des jours sans boire, ni manger ; de se rouler dans les épines, de déchirer son corps à coups de discipline, de se jeter dans des brasiers ardents, d’où elle ne sortait que par miracle ; de se plonger jusqu’au cou dans des étangs glacées, etc. Elle s’exposait aux roues des moulins, aux dents de fer des machines. Dieu permettait souvent aux âmes qu’elle délivrait, de lui apparaître et de la remercier.
Elles se montraient souvent par troupes entières.—–Louis, comte de Léon, apparut à Christine, et lui dit que si elle savait à quels terribles tourments il était condamné, elle aurait pitié de lui. Il la supplia de redoubler ses pénitences, afin de le délivrer. Elle s’adonna aux pénitences du feu, de l’eau glacée, etc. Elle continua ainsi jusqu’à ce que le défunt se montrât à elle environné de gloire. Il la remercia de l’avoir délivré de ses terribles tourments et monta dans les splendeurs de la gloire céleste. Pourquoi, nous aussi, ne ferions-nous pas pénitence pour les défunts ?
Nous en serions si bien récompensés!

18e APPARITION
Pendant les guerres de Charlemagne, un valeureux soldat avait longtemps guerroyé avec courage. Sa vie avait été celle d’un bon chrétien. Il fut atteint d’une maladie mortelle. H appela alors auprès de son lit un neveu orphelin, dont il s’était fait le père, et lui recommanda très instamment de vendre son cheval, dès après sa mort, et d’en employer le prix à faire dire des messes pour le repos de son âme. Le neveu le promit. Dès qu’il vit son oncle expiré, il amena cheval et harnais.
Cette bête était belle et elle lui plut beaucoup. Il commença à s’en servir, et, en étant encore plus satisfait, il ne pensait pas à s’en priver de sitôt. En retardant ainsi, de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, il oublia entièrement l’âme de son oncle.
Il y avait six mois que cela durait, lorsque, un matin, le défunt lui apparaît et lui dit qu’à cause de son infidélité, il lui a fallu endurer des supplices inexprimables dans le purgatoire ; mais que le bon Dieu, ayant eu pitié de lui, il sortait de cette horrible prison et montait au ciel. Mais que lui, par un juste jugement, ne tarderait pas à mourir et à aller dans le même feu, pour souffrir à sa place, autant de temps qu’il lui en restait à faire, si le souverain Juge n’avait eu pitié de lui.
Bien peu de temps après, ce jeune homme tomba malade ; il appela un prêtre, se confessa avec larmes et raconta sa vision. Il avait à peine fini, qu’il expira. Comprenons combien une telle ingratitude déplaît au Seigneur et avec quelle sévérité il punit les enfants ou les parents ingrats envers leurs défunts.

19e APPARITION
Augustin reprit fortement un chrétien de son temps, qui enseignait que le purgatoire n’était pas à redouter. Le saint lui dit que personne ne devait parler ainsi, parce que le feu du purgatoire était plus affreux que tous les tourments d’ici-bas. Voici un trait qui prouve cette vérité. Deux religieux montraient le plus grand zèle pour leur sanctification. L’un d’eux ne tarda pas à tomber malade.
Un ange lui apparut et lui annonça qu’il allait mourir sans retard, et qu’il resterait en purgatoire jusqu’à ce qu’on eût dit une messe pour lui, après laquelle il s’envolerait au ciel. Cette nouvelle le combla de joie. Appelant à l’instant son ami, il lui annonça sa mort prochaine, le court séjour qu’il ferait en purgatoire, et il le conjura de dire cette messe le plus tôt possible.
Cet ami le promit, et il fut fidèle à sa promesse ; car, la mort étant survenue le lendemain matin, il monta aussitôt au saint autel. La messe était à peine achevée, que, pendant son action de grâce, il voit apparaître son ami rayonnant de bonheur ; mais avec un reste de chagrin: “ Mon frère, lui dit le défunt, où donc est votre foi ? Qu’avez-vous fait de votre promesse ?
Vous mériteriez que Dieu n’eût pas beaucoup pitié de vous ! Ne m’avez-vous pas laissé en purgatoire plus d’une année, sans dire votre messe ? — En vérité, vous me surprenez ! s’écria le religieux. J’ai tenu si exactement ma promesse, que je viens seulement de déposer mes ornements sacerdotaux. Il n’y a à peine que quelques heures que vous avez quittées la terre et votre corps n’est pas encore enseveli. ”
Alors, l’âme, le regardant avec un douloureux soupir, s’écria : “ Oh ! quelles sont épouvantables les souffrances du purgatoire ! Je vole au ciel, où je supplierai Dieu de vous rendre ce que vous venez de faire pour moi. ” Saint Augustin dit que les peines que l’on endure au purgatoire, dans le temps d’un simple clin d’oeil, sont pires que celles du plus douloureux martyre. Faisons toujours notre possible pour ne pas y aller.

20e et 21e Apparitions
On lit dans les révélations de sainte Brigitte, qui méritent d’être crues, que cette bienheureuse assista au jugement et à la condamnation d’un soldat, qui venait de mourir. Cette âme fut présentée au souverain Juge ayant à sa droite son Ange Gardien pour avocat, et, à sa gauche, le démon pour accusateur.
Le démon l’accusait de trois crimes : le premier, d’avoir péché par les yeux, en les arrêtant sur des objets défendus, qui remplissaient son coeur de mauvais désirs; le deuxième, d’avoir péché par la langue, en prononçant des discours impurs, des serments et des malédictions ; le troisième, d’avoir fait toute espèce d’actions impures et des vols.
L’ange prit sa défense et rappela ses actes de vertu, ses ferventes prières, ses aumônes, jeûnes et mortifications. Il ajouta spécialement, qu’au moment de la mort, il avait bien prié la très sainte Vierge et qu’elle lui avait fait produire des actes d’une vraie contrition.
Après ce double plaidoyer, le Juge souverain prononça que l’accusé échapperait à l’enfer ; mais qu’il souffrirait un long et rigoureux purgatoire. La peine des yeux sera de contempler des objets affreux ; celle de la langue, d’être percée de mille pointes et tourmentée par la soif la plus ardente ; celle du reste du corps, d’être plongé dans un océan de feu.
A ce moment, parut la Mère des miséricordes, pour demander à son divin Fils un adoucissement à tant de maux. Le Sauveur, touché de cette intervention de sa divine Mère, consentit à adoucir la sentence, et ajouta que pour l’adoucir encore, il faudrait les prières, aumônes et pénitences des fidèles de la terre. La seconde vision fut celle d’une jeune fille fort distinguée, qui souffrait horriblement et poussait de grands cris.
Elle reprochait à sa mère de l’avoir laissée se livrer à trop de délicatesses, de vanités et de dépenses ; de l’avoir conduite aux théâtres, aux festins, aux réunions mondaines, bien que cette mère lui conseillât, de temps en temps, des actes de vertu et plusieurs dévotions utiles. Elle proclamait, du milieu de ses souffrances, qu’elle devait une grande reconnaissance au bon Dieu, qui n’avait pas permis qu’elle allât en enfer, qu’elle méritait si bien par tant de fautes. Avant de mourir, touchée de repentir, elle s’était confessée, puis avait rendu le dernier soupir.
*’ J’ai été délivrée de l’enfer, s’écria-t-elle ; mais précipitée dans les plus horribles tourments du purgatoire. Maintenant, ma tête, qui se plaisait aux parures de la vanité, est dévorée au dedans et en dehors, par le feu le plus ardent.
Mes épaules et mes bras, que j’aimais à laisser nus, sont chargés de grosses chaînes rouges ; mes pieds, que j’ai ornés pour les danses, sont entourés de serpents et de vipères qui ne cessent de les mordre. Tous mes membres, que je chargeai tant de fois de colliers, de bracelets, de fleurs, de joyaux de toutes sortes, sont torturés en même temps par le feu le plus ardent et le froid le plus rigoureux. ”
Sainte Brigitte raconta tout cela à la cousine de cette défunte, qui s’abandonnait elle-même aux frivolités du monde. Elle se convertit aussitôt et n’eut plus de bonheur que dans les pénitences, les jeûnes et la prière, pour expier ses nombreuses fautes et celles de sa défunte cousine. Faisons pénitence, nous aussi, pour expier nos péchés.

22e APPARITION
Des âmes, délivrées par saint Nicolas de Tolentino lui apparaissaient souvent pour le remercier, Pour les âmes du purgatoire, il était très dévoué jeûnait souvent au pain et à l’eau, se donnait de sanglantes disciplines, portait autour du corps une ceinture de fer garnie de pointes, etc. Il offrait surtout le saint sacrifice de la messe pour elles. Une nuit, il vit une âme malheureuse, qui le pria de dire la messe pour elle, et pour quelques autres âmes qui souffraient horriblement en purgatoire.
Nicolas reconnaissait la voix de l’âme suppliante, mais ne se rappelait pas qui elle était ; il lui demanda donc son nom. Elle lui répondit qu’elle était l’âme de son défunt ami, le frère Pellégrino d’Osima “ J’ai pu, dit-elle, échapper aux châtiments éternels ; mais non pas aux terribles feux du purgatoire. Je viens, au nom de beaucoup d’âmes malheureuses comme moi, vous supplier de dire, demain, la messe pour nous.
Nous espérons que, par cette messe, nous serons délivrées de nos tourments.
” Le saint répondit qu’il ne pourrait pas dire cette messe le lendemain, parce que c’était à lui de chanter la messe du couvent. Alors cette âme, gémissant et pleurant, l’invita à aller contempler leurs inexprimables souffrances. Aussitôt, il sembla au saint qu’il était transporté dans une plaine immense, où il aperçut une grande multitude d’âmes livrées à des tortures épouvantables et de toute espèce. Du geste et de la voix, elles imploraient tristement son assistance.
Le serviteur de Dieu, à ce spectacle trois fois lamentable, se mit aussitôt à genoux et pria avec grande ferveur pour tant de pauvres infortunés. Il raconta cette vision à son supérieur, qui lui permit de dire la messe des morts ce dimanche-là, et durant toute la semaine. Nicolas dit sa messe dès le matin, et il passa tous les jours et toutes les nuits de la semaine entière en prières, pénitences, et bonnes oeuvres, malgré le démon, qui lui apparut visiblement plusieurs fois, pour le troubler dans ces saints exercices.
Alors, il revit l’âme du frère Pellégrino, environnée d’une splendeur toute céleste, accompagnée d’une multitude d’âmes bienheureuses. Toutes ensemble, elles lui rendirent grâce et l’appelèrent leur libérateur, puis elles s’envolèrent au ciel. Soyons, nous aussi, les bienfaiteurs des défunts.

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Publié par Myriamir le 25 janvier 2017
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