Au cœur de notre Carême et à quelques mois de la clôture de notre jubilé, le 600ème anniversaire de la mort de saint Vincent, que nous fêterons du 4 au 7 avril à Vannes, nous donne cette belle occasion d’approfondir notre connaissance de sa vie et plus encore d’y puiser une inspiration joyeuse et féconde pour l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Lucidité sur soi-même conditionnée par l’humilité.
Le premier sentiment est de s’estimer comme un cadavre fourmillant de vers et en proie à la pourriture ; un cadavre dont la puanteur excite le dégoût au point que ceux qui l’approchent se bouchent le nez pour ne point sentir et détournent la tête pour ne point voir une telle horreur.
C’est ainsi, mon cher frère, que vous et moi devons chaque jour agir.
Moi plus que vous, car, je le reconnais avec justice, tout mon être, corps et âme, n’est qu’infection. Il n’y a en moi que la lie et la pourriture de mes péchés et de mes iniquités, dont la puanteur et l’infection doivent faire horreur. Chose encore plus fâcheuse : cette corruption se renouvelle et s’accroît chaque jour en moi.
À ce sentiment de sa propre abjection l’âme fidèle doit joindre une confusion profonde en la présence de Dieu qui voit tout et qui la jugera un jour très sévèrement. Elle ne saurait donc ressentir trop de douleur d’avoir offensé Dieu, d’avoir perdu la grâce que le Sang du Christ lui avait acquise sur la Croix et conférée au baptême.
Et cette confusion, qu’elle porte devant elle-même et devant Dieu, elle doit aussi la porter devant tout le monde.
Elle doit s’en pénétrer non seulement devant les anges et les saintes âmes du ciel et de la terre, mais encore devant tous les hommes.
Elle doit par conséquent accepter leur mépris pour ce qu’elle dit ou fait, leur éloignement d’elle pour ne pas la voir et pour ne pas sentir l’odeur de sa corruption, et l’exclusion de leur société comme un cadavre infect ou un lépreux repoussant. Et cela, jusqu’au moment où la grâce de Dieu daignera la visiter et la faire rentrer en elle-même.
Quant à son corps, qu’elle soit bien convaincue que les hommes ne lui feraient aucun tort mais la traiteraient comme elle le mérite, s’ils lui arrachaient les yeux, lui coupaient les mains, le nez, les oreilles, s’ils le torturaient dans tous ses sens et dans tous ses membres : parce qu’elle s’est servie de tout cela pour offenser Dieu, son créateur.
Il faut aussi qu’elle désire d’être abandonnée et méprisée. Qu’elle supporte avec une extrême joie et allégresse et endure patiemment tous les reproches, hontes, diffamations, blâmes et humiliations de toutes sortes.
Église Saint Vincent Ferrier-Montréal
Lucidité sur Dieu par l’union à la sainte humanité du Christ.
Il faut en second lieu avoir beaucoup de défiance de soi-même. Avoir le sentiment que toutes nos bonnes œuvres et que toute notre vie passée ne sont rien, pour se tourner entièrement vers Notre-Seigneur Jésus-Christ et se jeter entre les bras de ce divin Sauveur, qui a voulu être pauvre, humble, abreuvé d’insultes et de mépris, et mourir d’une mort très cruelle par amour pour nous.
Mourons donc à tous nos sentiments humains et que Jésus crucifié vive dans notre cœur et dans notre âme. Laissons-nous complètement transformer et transfigurer au point de n’avoir plus d’autre sentiment dans le cœur que le sien, de ne voir, sentir, entendre que Jésus suspendu pour nous à la Croix, suivant en cela l’exemple de la sainte Vierge. De sorte que, morts au monde, nous ne vivions que dans la foi.
Oui, c’est dans la foi que l’âme sera vivante jusqu’au jour de cette résurrection bienheureuse, où le Seigneur comblera de joie spirituelle et des dons de l’Esprit et nous-mêmes et tous ceux en qui doit se renouveler la vie des apôtres et l’état de sainteté de l’Église.
Ayez donc soin de vous exercer à la prière, à la méditation et aux saintes affections, pour vous rendre digne des vertus et de la grâce de Dieu.
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